sábado, 22 de septiembre de 2012

martes, 18 de septiembre de 2012

Européisme- européiste, un ancien néologisme

C'est en écoutant une émission politique cet après-midi qu'a surgi ce mot: européisme. Le débat portait, on l'aura deviné, sur le bien-fondé d'une intégration de la France à une fédération européenne, avec la perte de souveraineté que cela suppose, l'éloignement de la démocratie pour certains, etc...

En fait, européisme m'a semblé être, sur le coup, un néologisme médiatique, issu de l'habitude des créatures politiques françaises. Première fois, de ce dont je me souviens du moins, que j'entendais ce mot. De plus, ce mot sortant de la bouche de cette personnalité politique avait une saveur hautement négative. Elle disait européisme comme on aurait dit syphilis ou bien eugénisme.

Après une courte, mais intéressante recherche, voici ce que j'ai trouvé:

Selon Wikipédia, l'Européisme serait "un néologisme, utilisé par Jules Romains en 1915, qui désigne une propension en faveur du fédéralisme européen, de la construction européenne, ainsi que de l'établissement d'une Europe laïque."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Europ%C3%A9isme

Selon le site du Mouvement Politique d´Education Populaire, de tendance communiste,Européiste "décrit l'attitude de ceux qui, comme le disait De Gaulle, "sautent comme des cabris" en craint "Europe, Europe, Europe!" à tout bout de champ, en voyant l'Europe comme la solution à tous les problèmes, ce qui revient à ne pas les affronter réellement."
http://www.m-pep.org/spip.php?article194

Il existe bien sûr d'autres définitions plus ou moins élaborées, mais je ne peux décemment pas les réunir ici.

La personnalité politique, que je ne savais pas être gaulliste, semblait pourtant utiliser ce terme selon la nomenclature gaullienne.

Maintenant, si nous cherchons un peu au-delà des mots, vers leurs structures, on voit où peuvent vouloir en venir les utilisateurs de ces deux expressions. Le suffixe -isme sert, en français, à la formation de divers groupes de mots: 
1.       Des noms qui correspondent à des doctrines, dogmes, idéologie ou théorie: le darwinisme, le capitalisme, le catholicisme ou bien encore l'alcoolisme (dit des fameux adorateur du sacro-saint alcool).
2.       Des noms qui correspondent à une qualité ou un état: l'anachronisme, professionnalisme.
3.       Des noms qui correspondent à un comportement, une particularité, et (c'est là que les athéniens s'atteignirent), une maladie: le saturnisme (excès de plomb dans le sang), le pessimisme (excès d'idées noires dans le cerveau)  et bien évidemment, l'européisme!

Le suffixe -iste sert à former l'adjectif se rapportant à ces merveilleux noms, quand cela est possible, car on n'est certes pas saturniste, mais bien pessimiste.  Et bien sûr à former les substantifs dérivés des idéologie et autre pratiques politiques de mauvais augures

J'ai souligné la maladie parce que c'est bien ce dont j'ai cru que la dame dans la radio était en train de nous parler, d'une maladie honteuse, incurable, enfin presque, qu'il fallait éradiquer au plus vite. 

D'où les définitions suivantes (du point de vue des détracteurs de ces phénomènes): 

Européisme (n,m) : maladie mortelle contractée lors de la signature d'un pacte de collaboration entre plusieurs pays d'Europe afin de fonder une fédération d'États nations désireux de tout partager, même les problèmes! 

Europésite (n, m): pauvre bougre, enthousiaste, et pour autant malsain et définitivement bon pour l'asile, atteint de cette triste maladie.

Pour conclure, on verra que l'étymologie est sensiblement la même pour les termes en anglais et en espagnol:
-ism et -ist pour l'anglais (fascism, communism, capitalist, europeist)
-imo et ista pour l'espagnol (fascismo, comunismo, capitalista, europeista)

Ma question, pour finir sera: européisme/iste ont-ils la même charge négative dans ces langues qu'ils semblent avoir en français?

martes, 4 de septiembre de 2012

Le pif bouché

Welcome to Lima, au pays du 'soleil'.

De soleil, les fils ils sont peut-être, mais en fait d'astre qui réchauffe nos pattes, point y en a. Le ciel est gris, couleur panza de burro (ventre d'âne), et le taux d'humidité à... attendez que je vérifie... 80%. On en serait presque des poissons.

Pas vraiment en fait. Deux semaines à ce tarif, et je continue avec mon alergie, qui s'est transformée en sinusite alergique plus les conséquences qui s'en suivent naturellement, congestion auriculaire, yeux gonflés de crapaud, mal de tête et gorge sèche.  Bon pas de quoi en faire un post.

Comme d'habitude, je suis incapable de tenir le rythme proposé au niveau publication de dessin, mais bon, un petit que je viens de faire, en reniflant désespérément.


sábado, 4 de agosto de 2012

Un vieux


Plus tôt que prévu, un nouveau dessin. 

Un visage, me suis-je dit, de vieux, parce que c'est toujours plus facile à faire qu'un visage jeune. Un visage jeune, ça n'a pas de marque, pas de repère donc, pour me guider. Le vieux visage buriné me laisse l'approcher sans peur, je sillonne ses creux, ses rides avec le crayon et je recherche son visage. Les expressions sont là, cernées. 
(Crayon 2b, 30 min.)

Un vent différent souffle en ce moment. La tête loin dans les nuages, le regard sans souffle, les yeux vague d’une mer sans fin comme un jour de pluie ; je l’attends encore celle-ci, qui jamais ne vient en ce pays de côte grise, liménien le disent-ils. C’est froid, triste et morne, ans reliefs autres que les cerros qui ressemblent à s’y méprendre à des zéros de France. 

Je n’ai pas de vieux comme ça sous la main. C’est ce grain de peau, ce papier-peau parchemin, peau de chagrin ou bien d’une vie bien vécu. Enfin, je l’aime cette peau qui raconte des histoires, les turpitudes incroyables et souvent fausses d’ailleurs, qui expliquent telle ride ou telle cicatrice. 

En bref, tout ça pour ce dessin, qui m’est tombé sous les yeux non pas à dessein mais sans prévenir.

miércoles, 1 de agosto de 2012

Le bureau

Ça fait maintenant un bon bout de temps que je ne publie rien, faute de temps et de trop de travail; mais ça fait aussi un bon moment que je ne dessine plus vraiment, quelque 15 ans déjà.

Alors je vais essayer quelque chose: faire un dessin, au moins par semaine, et le poster sur mon blog. En espérant que ça me motive pour continuer, et pourquoi pas, améliorer mon trait.

Pour commencer, un que je viens de faire aujourd'hui.
Mon bureau, un foutoir indescriptible. On verra si je le range et le dessine de nouveau.
 Bureau (crayon 2b, papier recyclé)

domingo, 26 de febrero de 2012

Populistas, mi amor.

Acerca de la intervención de Bill Gates sobre la economía del Perú, y de cese de la ayuda internacional, ya que el país tiene un PBI per capita importante, un dichoso economista intervino clamando que el señor Gates debería venir a visitar a los de San Juan de Lurigancho, y el resto es historia. 
Ahora bien, ¿desde cuándo el PBI per capita representa realmente la riqueza distribuida de manera equitativa entre la población de un país? Nunca. Es una medida promedia que permite darse una idea de la riqueza acumulada por un país gracias a su trabajo, para hacerlo corto. 
El punto es el siguiente: pasamos el año jactándonos de lo bien que nos van las cosas económicamente, que el crecimiento del Perú tiene una tasa anual de más del 7%, que el país nunca estuvo más rico, que la gente tiene un poder de adquisición cada vez más grande (¿continúo o entendieron?), y cuando se propone, a la misma gente que sí está segura que el país es un grande entre los grandes, de considerarlo como tal, como uno que sí logró salirse del pauperismo y otras barbaridades económicas, esa misma gente, entonces, protesta, de ¿qué? ¿Cómo se puede decir algo así, que nos van a quitar el suministro de nuestra buena fortuna? 
¿Quid de la tasa de crecimiento? ¿Quid del grande entre los grandes? ¿Qué pasó? ¿Qué interés puede esta gente tener para suministrarse a la mama de la beneficencia internacional para no querer, cuando ella misma agita las cifras todo el año, que se pare la asistencia?
En verdad, si dicha gente quisiera de verdad ver a los pobres de San Juan u de otra parte tener más, usarían la riqueza (¡7% de crecimiento anual desde hace unos 4 años!) que tienen y la redistribuirían. Si ésta plata entregada por la comunidad internacional llegaba a nuestros pobres, ¿de verdad habría pobres todavía? No. ¿Dónde va dicha plata? En el fondo del bolsillo de los que protestan contra el arresto de la ayuda financiera mundial. Protestan también con fines políticas, de hecho, ya que cinco años pasan rápido y que hacerse el defensor de la viuda y el huérfano se ve muy bien. Además, que un economista, considerado como un experto en muchos medios, se pare públicamente para defender una posición así… ¿quién es populista ahora?

miércoles, 1 de febrero de 2012

Regionalismo y localización


Acabo de leer una entrada realmente interesante respecto a los regionalismos entre el español de la península y de América latina en general y en particular, en eso que cada país percibe las expresiones de los otros con un grado de aceptación diferente. Escribo esta reflexión en español ya que abordaré el punto de vista de los regionalismos de este idioma; de hecho, no me enfrenté aún al problema en francés, aunque vi varios anuncios pidiendo a francés de Québec. De repente abriré otro post respecto a ello.
            Lo que me interpeló en el blog fue esta idea de “disgusto” supuesto por parte de los lectores de America latina respecto a las traducciones hechas en España. Lo cierto es que existe un sentimiento de extrañeza al leer una traducción de Argentina o de España. Cómo lo comenté en el blog, me acuerdo en particular de la traducción de un libro de Haruki Murakami, Kafka en la orilla, que estuvo a cargo de una traductora española, y varías veces me quede extrañado. “El puesto de la electricidad” es un buen ejemplo de lo que me impactó (no tengo otro verbo). ¿Será que tradujo mal o se dice así en España? El problema es menos saber si es correcto o no que la pregunta en sí. ¿Por qué tuve que hacerme la pregunta? Porque no es común y corriente escuchar/leer esto por donde vivo.
            Se nos enseña que la traducción debe hacernos olvidar que es una traducción, debe hacernos sentir cómodo y no hacernos preguntas. Entonces, ¿Quid de la localización de la literatura? Hablamos mucho de la localización de los sitios Web, de los productos o publicidades, adaptándolos al público meta. Dicho público, el que lee literatura, no tiene otra opción que satisfacerse de las traducciones que le llegan. Aquí se siente el poco interés que tienen las editoriales para su público. En general sí se hará un esfuerzo para los Best Sellers, mas no para el resto. Sí se debe venderlos alrededor del mundo pero no se va a localizar para cada país. En esto concuerdo con Rafael Carpintero: los traductores deberían juntarse en colectivos y tratar de difundir traducciones más ‘locales’, de manera que los lectores no estén preguntándose, o al menos sintiendo que leen una traducción.
            Siempre digo que hablo peruano, ya que mi castellano es él de Perú, y no el de Colombia o de España. En la actualidad, estoy traduciendo un libro de Homéric al español. Sé que lo hago de manera que se entienda para el público peruano. No quiere decir que voy a utilizar huevadas y otras cojudeces en mi traducción, tratándose el libro de Gengis Kan y de los Mongoles, pero una de las características será por ejemplo la ausencia de vosotros, os, etc. Es una manera, en America Latina, de hacer sonar antiguada la lengua. Sin embargo, no me parece un recurso evidente en el caso de esta obra y el tuteo siendo, en el original, una característica esencial de las relaciones entre los personajes en las estepas.
            Es cierto que la traducción sigue pautas sometidas a las reglas del mercado, sobre todo la traducción literaria que tiene una importancia menor en los intereses generales mundiales. Pero ¿qué tal si nos pusiéramos a la obra y trabajemos en tal sentido?

sábado, 28 de enero de 2012

La croisée


Comme tous les jours, il reste planté là, à regarder. Le ciel gris déplace sa chape de plomb avec une lenteur délibérée, essayant de l’assommer d’ennui. Au bout de la rue, sur l’avenue, les voitures, les mototaxis, les camions passent, inlassables, dans leur ballet vers une destination inconnue, incompréhensible. Comment peut-on se déplacer autant alors que lui n’a que besoin de rester planté là, à regarder, à fixer, à s’en user les yeux, la pupille, puis la rétine.
Comme tous les jours, il reste planté là, et il voit les sacs poubelle noirs, luisant, se chauffer sous le soleil inexistant, et pourtant présent, de cet après-midi désolé. Le ciel gris ne lâchera pas une miette de soleil aujourd’hui. Il le sait ; ce n’est pas encore la saison. Les voitures passent et vont leur chemin vers des activités lucratives, brûlant leur gasoil, brûlant leurs pneus, l’asphalte et le bitume craquelé de la piste. La croisée, le croisement, l’angle : la rue, sa rue. Pardon : l’Avenue. C’est ainsi qu’elle s’appelle, sa rue. L’Avenida los Rosales. Dans son avenue, donc, les poubelles sont sorties à pas d’heure, et jetées à même le sol, le plus souvent sur la route, en tout cas un peu dessus, un peu sur le trottoir, et gisent languissantes, dans l’attente de la morsure d’un chien errant.
Ah ceux-là ! Les chiens errants. Il les aime bien, et pas. Ils lui font pitié. Ils sont seuls, abandonnés, ont perdu leur famille un beau jour gris. Il avait toujours pensé que dans une société où les chiens en viendraient à être abandonnés massivement, ceux-ci se rassembleraient en meutes et représenteraient un danger pour l’homme. Il constate que ce n’est pas le cas. Pop ! Un sac poubelle vient d’éclater sous le croc d’un chien justement. Ça a fait un bruit de pétard de fin d’année, un petit, mais quand même. Sous l’action de la morsure et aussi de la fermentation, le sac a explosé. Le chien fouille et fouraille joyeusement, à la recherche de sa pitance.
Donc non, les chiens ne représentent pas un danger tant qu’ils n’ont pas la rage. Ils restent généralement amicaux envers les hommes, et passent leur temps à aboyer plus qu’à mordre. Aboyer après les motos surtout. Les livreurs de gaz et de pizza sont rarement les bienvenus. Sans cela, ils ressemblent parfois aux humains. On les voit qui tiennent dans leur gueule un sac plastique rempli de victuailles. Ils courent, parfois en groupe et se posent sur un terre plein entre deux pistes, dans l’herbe, pour manger, comme au piquenique. Il les envie parfois. Il reste là, lui, planté comme tous les jours, à observer, à scruter, à savourer chaque petit instant de vie qui s’agite dans sa rue, son avenue, pardon.
Depuis sa chaise, la tête appuyée sur ses mains, elles-mêmes posées sur sa canne, il attend. Plante, végétal, il  voit tout et n’est vu de personne. Il aime sa croisée, entre Rosales et Nenúfares. Il aime s’ennuyer à regarder les gens arroser leur bout de terrain devant la façade grillagée-blindée de leur maison. Il aime le ciel gris au-dessus de sa tête pelée, brûlé, chauve, roussie. Le poids du ciel sur ses épaules n’est rien, lui, Atlas de sa rue-avenue, il supporte la vie de son monde. Et ses chiens.

jueves, 26 de enero de 2012

S21: Gardiens


Il pensait parfois au reste de l’humanité comme à une flamme de chandelle prise dans un étroit courant d’air; toujours sur le point de s’éteindre, en un souffle. Le camion le ballottait de-ci de-là comme un vieux tas de chiffons. Ça faisait bien des heures qu’il était sur cette piste de jungle caillouteuse, à batailler contre les moustiques hypertrophiés de la région. On lui avait dit que ce ne serait pas très long mais… Pourquoi avait-il accepté ? Il ne savait pas au juste. Une inspiration soudaine sûrement. Le conducteur se retourna et lui dit quelque chose en souriant. Il n’entendait pas. Quoi ? « JE dis : il faut que tu descendes et ouvres la remorque ! » Il fit signe qu’il avait compris.
            Il se glissa hors de l’habitacle et fut assailli par l’odeur impétueuse de déjection. Il prit son foulard et le noua sur son nez. Il ajusta ensuite son ceinturon et sa matraque, puis se dirigea vers l’arrière du véhicule qui faisait une manœuvre pour se mettre en face de la cabane. L’engin s’immobilisa dans un bruit de frein à main énorme et soupira en s’éteignant. Il saisit le levier de la porte et le poussa de toutes ses forces. L’odeur se fit plus forte malgré son foulard ; il recula en plissant les yeux. Des dizaines de regards le fixaient, incrédules, apeurés. Le conducteur le rejoignit et lui donna une petite tape sur l’épaule. « Réveille toi, c’est pas le moment de glander ». Bien sûr.
            Il sauta sur la plate forme en brandissant férocement sa matraque. Tout le monde sauta sur pied et se précipita sur le sol boueux. Le conducteur et deux autres hommes les dirigeaient vers la cabane. Cela prit tout juste deux minutes. L’un des gardes fut posté dans la cabane pour monter la garde, tandis que l’autre les faisait ressortir un à un. Lui, il devait noter leur nom, leur biographie succincte, et le motif de l’arrestation. Après quoi, le conducteur les emmenait vers la fosse, un peu plus loin, en leur disant qu’il les emmenait à leur nouvelle maison. Et lui notait, n’en croyant pas ses oreilles. Arrêté pour marcher dans la rue avec une couleur que la politique interdit !
            Une fois le cabanon vidé, il alla rejoindre le chauffeur. Celui si assénait un énième coup de matraque sur la nuque du dernier gamin, puis l’égorgeait comme un cochon. Il y avait un tas de vêtements froissés mais propres à côté de lui. « Tiens ! Déshabille celui-là ; le sang n’a pas tâché sa chemise. » Il acquiesça et désappa le môme qui devenait livide. Il lui semblait être en train de déshabiller cette humanité à laquelle il songeait une heure plus tôt. Il venait d’en souffler la flamme, la sienne. La destruction était achevée. Plus des humains. Pas même des animaux. Juste… un rien qu’il fallait éliminer pour obéir aux ordres.

            Plus tard, dans le camion, il s’endormit. On le réveilla  une fois arrivé au S21. « Tu vas nettoyer la remorque maintenant. » On lui confia une pelle, un seau et un jerrican d’eau pour décrotter le sol. Il devait finir avant que l’aube ne survienne. Ce qu’il fit avec zèle.
L’aube se leva, étrange, sur le camp S21, au Cambodge, quelque part sur une planète peuplée, dit-on, d’être humain. Il ne restait là que des actes commandés par la paranoïa pathétique, maladie s’enfantant elle-même ainsi que ses rejetons de malheur. Pour les gardiens, les prisonniers étaient morts en arrivant, avant même d’arriver.

martes, 24 de enero de 2012

Le pont

Il regardait par-dessus le parapet du pont, à la recherche d'une eau qui n'existait pas, ou plus. L'ozone montait doucement à son nez et il ne voyait qu'un lit jonché de pierres grises et de branches chariées par un courant presque inexistant. Plusieurs jours qu'il passait par là, et s'arrêtait. Il se demandait bien pourquoi il y avait là un pont, si énorme, qui surplombait... rien. Un peu comme sa vie finalement. Il cherchait à joindre les deux bouts, chaque mois, pour en arriver à la conclusion que le tout était bien de jouer. Parce que pour ce qui était de trouver une raison à son activité...
Chaque jour le pont était là, métalique, imposant, orné de statues et de gravures, recouvert de poussière, de boue, de papiers gras, de pisse. Celle des chiens errants, nombreux, et des clodos, alcoliques abandonnés aux joie de la détresse non partagée, compagnons des nuits froides des chiens. Il les voyaient, les chiens, gambader fièrement, un sac poubelle dans la gueule, comme revenant du supermarché. Ils se réunissaient parfois, et éventraient leurs sacs, pour en dévoiler les trésors gastronomiques. La couche de bébé, les restes du restaurant pré digéré, les paquets de clopes vides, oxyde carton blindé, des oignons, toute une galaxie de alimentaire équilibrée sur tons marrons méconnaissables.
Un autre jour et l'eau ne revenait toujours pas. Le fleuve, ce qu'il en restait, clapotait mollement contre les mollets du recycleur. Il portait un cabat disproportionné, le remplissant des bouteilles plastiques et autres vestiges pétrolifères des mannes du faible courant, huileux comme une vidange. Le recycleur leva les yeux et lui sourit. Un sourire édenté comme il y en a tant dans les eaux du fleuve en ville.
Il ne souriait pas, lui. Il resta figé, rebuté, malgré lui. Il se sentait comme piègé. Il devrait répondre, et peut-être même entamer la conversation, tailler le bout de gras... à propos de... ? Cela l'impliquerait dasn une relation qu'il voulait surtout éviter. Pas qu'un recycleur ne vaille pas mieux qu'un golden boy du centre financier, non. Seulement, c'était un être humain. Et lui ne venait ici que pour regarder l'eau disparue, ou presque.
Une fois encore, l'humainté se défilait, son humanité, et il se glissa dans le premier bus qui passait par là. En espérant que demain, il n'y aura personne.